Il nous reste les mots…

C’est le récit d’une conversation entre deux pères endeuillés. Georges Salines qui a perdu sa fille Lola dans les attentats du Bataclan. Azdyne Amimour qui a perdu son fils Samy dans les mêmes attentats. Lola assistait au concert des Eagles of Death Metal. Samy était un des terroristes djihadistes, peut être le meurtrier de Lola. Que peuvent se raconter deux pères dont le fils de l’un a peut être tué la fille de l’autre ?

Cette rencontre a été provoquée en 2017 par Azdyne qui, dans une démarche de rédemption et de tentative de compréhension de ce qui a amené son fils à de telles atrocités, souhaitait rencontrer des familles de victimes des attentats du 13 novembre 2015. De sa rencontre avec Georges est née une amitié, et ce livre. On y découvre une conversation libre et bienveillante, parfois critique, sur les parcours de vie de ces deux hommes, leur enfance, la constitution de leur famille, l’éducation donnée à leurs enfants, leurs erreurs et leurs doutes, leur vision de la religion, leur vécu de la soirée du 13.11.2015 et des jours et semaines qui ont suivi.

De cet entretien, on ne peut qu’en sortir grandis et empreints d’un peu plus de résilience, de respect mutuel, d’empathie, de pardon, d’espoir. C’est un livre qui parle de ce qu’est être père, des attentes et des espoirs qu’on a pour ses enfants, du bonheur de les voir s’épanouir et relever des défis, de la tristesse profonde et de l’impuissance face à un mal être, une quête d’identité qui conduira à la fuite pour la Syrie puis à commettre l’indicible. De ces deux hommes émane un profond désir de vérité, de combat de la haine, de compréhension… peut être parce que la douleur du deuil et la violence des émotions leur ont volé mots et raison. Et que la seule façon pour que ces événements tragiques ne se reproduisent plus c’est d’y remettre la force des mots, le temps de la réflexion et de l’apaisement.

Merci Georges Salines et Azdyne Amimour pour ce livre qui nous oblige à réfléchir à notre propre relation à l’autre et à notre vision souvent bien trop étroite du monde.

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