Mémoire de fille…

Annie a 18 ans. Nous sommes en 1958. Dix ans avant la libération de la femme, dix ans avant la libération des mœurs, dix ans avant la libération de la pensée.

Annie a 18 ans. Elle a une jupe en tweed, un chemisier, de longs cheveux bruns qu’elle s’acharne à attacher en un lourd chignon en bas de la nuque, des lunettes de myope aux verres épais. Elle est sur le quai de la gare. Elle part pour la première fois de chez elle. Son premier boulot : monitrice de colonie.

Annie a 18 ans. Elle découvre les sentiments, les émotions, l’amour, le désir, le sexe… Mais aussi les calculs, la manipulation, l’absence de plaisir, les moqueries… Mais Annie s’en fout, elle est libre de son corps, libre de ses choix, libre… quitte à perdre sa réputation de fille de bonne famille…

Annie Ernaux nous raconte sa jeunesse, avec une plume acérée et parfois cruelle. Avec un regard tantôt tendre, tantôt critique sur cette jeune fille de 18 ans qu’elle a été. Avec une distance qu’elle essaie de maintenir (en disant elle et pas je)… les souvenirs qu’on garde sont ils exacts ou sont ils le fruit de notre propre évolution ?…

Annie Ernaux trace l’image d’une époque, d’une jeune fille perdue entre ce qu’elle pense être la réalité et ce qu’elle est réellement, sa première confrontation au monde et aux hommes… C’est un livre dur et poignant, sans aucun apitoiement et écrit avec beaucoup de lucidité sur une époque pas si lointaine où les femmes avaient encore si peu de place…

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